Ça sort vendredi au cinéma: "Renaissance" est-il le meilleur "Jurassic Park" depuis Spielberg ? Voici ce qu’on en pense

Cédric Coppola Publié le 01/07/2025 à 20:20, mis à jour le 01/07/2025 à 20:20
Cinq ans après Jurassic World: Le Monde d’après, l’environnement de la planète s’est révélé hostile pour la plupart des dinosaures. Ceux qui subsistent vivent dans des zones équatoriales isolées, aux conditions proches de celles de leur ère d’origine. Parmi ces créatures terrifiantes, trois spécimens renferment peut-être la clé d’un remède capable de changer le destin de l’humanité…
Des séquences spectaculaires et émotionnellesGareth Edwards a un don: celui de s’approprier des blockbusters cultes sans dénaturer l’essence des franchises. En témoigne son Rogue One, une mission suicide dans l’univers de Star Wars, et donc ce Renaissance qui s’impose comme le meilleur opus Jurassic Park depuis ceux réalisés par Steven Spielberg. Toute sa force réside dans sa capacité à proposer des séquences à la fois spectaculaires et émotionnelles. On citera notamment ce passage inspiré dans lequel une jeune fille cherche à passer inaperçue d’un T-Rex endormi, mais que le moindre bruit pourrait réveiller. Auparavant, le public aura eu droit à une attaque mémorable en mer, qui illustre parfaitement la petitesse de l’homme face à ces bêtes colossales.
Avec ses effets spéciaux réussis, sa faculté à capter la force de la nature – une des récurrences du cinéma d’Edwards – et son interprétation portée par Scarlett Johansson, Mahershala Ali et la révélation Jonathan Bailey qui, sans perdre de virilité, "déconstruit" l’image du super-héros de film d’action, le blockbuster s’impose comme un divertissement taillé pour l’été. Et ce, en dépit d’un pitch de départ sur fond de quête scientifique qui ne sert que de prétexte à multiplier les sensations fortes et d’un déroulé plus convenu qu’espéré.
DE GARETH EDWARDS (États-Unis), avec Scarlett Johansson, Jonathan Bailey, Mahershala Ali... Action. 2h13. Notre avis: 4/5.
Gareth Edwards a cherché à capturer l’essence des récits de survie en jouant sur l’imprévisibilité des aventuriers face aux dinosaures: "Les enfants les aiment parce qu’ils réveillent un instinct primal, cette peur qu’un monstre se cache sous le lit ou dans l’ombre. Même si, en grandissant, on oublie cette crainte, un film comme celui-ci la ravive, car elle semble juste, même dans son absurdité." Cette approche narrative s’appuie sur l’idée que les dinosaures incarnent une menace universelle, ancrée dans notre ADN.
De Godzilla aux dinosComparant son expérience sur Godzilla à celle sur Jurassic World: Renaissance, Edwards souligne la différence dans la dynamique des créatures: "Avec Godzilla, c’est une force de la nature, comme un ouragan, qui détruit des bâtiments sans chasser individuellement. Les dinosaures, eux, traquent leurs proies, ce qui permet de créer des moments de tension et d’évasion." Cette échelle plus resserrée a offert une liberté créative: "C’était un vrai soulagement de travailler avec des créatures qui peuvent entrer dans une pièce, permettant des séquences de chasse dynamiques, à l’instar d’un manège roller-coaster."
Dolores, un personnage à partDolores, le petit dinosaure Aqualops, décrit comme mignon dans le script, a été un défi pour Edwards, qui voulait éviter un excès de sentimentalisme: "Je n’aime pas les animaux trop mignons dans les films. Nous avons traité l’Aqualops comme un véritable animal, sans l’anthropomorphiser." Pour garantir son authenticité, l’équipe s’est appuyée sur des références réelles: "Nous avons demandé aux animateurs de garder les comportements inattendus, comme ceux d’un chat, pour que l’Aqualops semble hors de contrôle, comme un vrai animal."
Sur les traces de SpielbergUne scène marquante, où une jeune fille passe près d’un T-Rex endormi, s’inspire de récits tels que Jack et le Haricot magique: "Les studios s’inquiétaient qu’un T-Rex ne se réveille pas si quelqu’un est si proche, mais c’est ce qui rend ce moment effrayant, et renvoie à des contes où l’on défie un géant." Petite particularité, Edwards a découvert que cette séquence provenait du script du premier Jurassic Park: "Quand j’ai appris que c’était dans le script original du film de Spielberg, j’ai vu ça comme un défi excitant de réaliser ce qu’il n’avait pas pu faire à l’époque pour des raisons budgétaires."
La nature au cœur du récitLa thématique de la nature est centrale dans le film: "Les blockbusters sont des mythes modernes, des voyages dans des terres étranges où l’on affronte des créatures." Le choix de tourner en Thaïlande, à Phang Nga Bay, renforce cette immersion: "Ces paysages, avec leurs formations rocheuses spectaculaires, donnaient une authenticité aux performances. Les acteurs ressentaient vraiment la sueur et la fatigue, loin des studios à écran vert", commente à ce propos le cinéaste.
Var-Matin